Sérotonine
Un peu écoeurant. À propos de « Sérotonine ». Depuis 20 ans, dans ses romans, @mhouellebecqexplore la dépression contemporaine au prisme des angoisses du moment. Il y eut la misère sexuelle, l’islam et maintenant la désertification et la paupérisation des campagnes. Houellebecq, c’est BFM TV, version littéraire. Il est là son génie. Il a du flair, il capte mieux que personne l’air du temps, surtout quand il est nauséabond. Il a aussi cette manière unique et jouissive de railler son prochain. On jubile de sa misanthropie (moins de sa misogynie) mais comme après une bonne cuite, on a de la nausée. Houllebecq se complaît (s’incarne?) dans des personnages alcooliques et nostalgiques de leur libido disparue; on se lasse de sa bite et de la manière dont elle est sucée. Sa provocation est salutaire à une époque où tout devient politiquement correct et aseptisé. Mais elle est souvent gratuite et vaine (les homos, les hollandais... je n’ai pas d’opinion sur Niort :) en fait, ce n’est plus une oeuvre que Houellebecq construit, mais une franchise, avec ses recettes éculées. Houellebecq se regarde souvent écrire, mimant son propre style, incapable de se réiventer, le truffant même de tics de plus en plus fréquents (mots anglais, noms de people, placement de marques). Dommage parce qu’il a toujours sa verve et sa lucidité. Dommage parce qu’il parle bien de ceux qui sont dans la détresse : magnifique littérature entre les pages 194 et 274. Houellebecq est devenu une valeur sûre et conservatrice. Son génie s’est un peu grippé, confit dans sa propre caricature. Avec lui, on sait désormais ce qu’on achète, on connaît la recette, sans surprise, comme une tarte tatin bien exécutée. Plaisante mais de plus en plus écoeurante.
Bilan : 🔪🔪🔪🌹