Coeur noir

Coeur noir

Un roman beau et puissant !
C’est quand on traitait encore Emilia de poil de carotte, de planche à pain et d’imbaisable qu’elle commit l’irréparable et prit un autre surnom : le monstre de Ravenne. Tout l’art de Silvia Avallone, c’est d’attendre la fin du livre pour nous dévoiler la nature de son crime.
La tension narrative tient à ce secret qui emprisonne l’héroïne depuis 15 ans et l’empêche d’envisager la vie autrement qu’au fond d’une tombe. Sa possible rédemption a pour décor Sassaia, un tas de pierre où, il y a longtemps, on brûlait les sorcières et les hérétiques. Quelques hommes y croupissent, comme le vieux Basilio et Bruno dont l’existence tient à ce fil, coupé par de vilaines Parques, alors qu’il n’était qu’un enfant.

Le reste du village en contrebas s’accroche à l’immobilité du temps, se rassure en contemplant les cimes. Alors quand Emilia vient vomir dans la fontaine, leur petit monde se met à tourner plus vite. Celui de Bruno, surtout, dont la solitude forcée verra le verrou sauter entre les bras d’Emilia, occupée à « cacher derrière son corps son passé entier. Sauf que son corps était des plus frêles, et son passé gigantesque », un animal sauvage habitué à survivre dans les jungles de la ville ou de la prison.

« Cœur noir » a les attributs d’un grand roman, une impressionnante maîtrise narrative (chassé-croisé entre le présent et le passé), des personnages inoubliables (Marta et le père d’Emilia), des scènes poignantes (ex. p171-173), des descriptions vibrantes (ex. p227), des dialogues emprunts d’une émotion véritable (ex. p274), des sujets profonds traités sans didactisme (ex. p197), un style incandescent (ex. p259), des images qui raniment la mémoire du lecteur (ex. p361) et ce signe qui ne trompe pas : l’impatience de se replonger dans l’histoire au plus vite.

Une histoire qui réveille l’humanité de chacun, redonne espoir et montre, en ces temps cruels et partiaux, qu’on a toujours une deuxième chance. C’est Rita qui l’affirme : « Tout finit par passer. Et si ça ne passe pas, ça change ».

Appréciation :🌹🌹🌹

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