Les femmes de Louxor
Elle n’est plus toute jeune mais elle rêve encore, aveuglée par sa solitude. Alors quand Sayyed lui dit qu’elle est belle et qu’il l’aime, son cœur bat trop vite et rien ne pourra l’arrêter. Ni le sentiment diffus de brûler les étapes, ni l’inquiétude de son entourage (« J’étais prisonnière et heureuse. La vie sans toi n’a pas de sens. Plus rien n’existe quand tu n’es pas là. Des phrases toutes faites. Des phrases bien apprises. Mais ça non plus personne ne me l’avait dit avant lui. Alors ça m’a fait plaisir. Et je l’ai cru »).
Sayyed l’émeut (« Il n’était pas très beau, mais il y avait dans son sourire quelque chose d’émouvant, comme d’un enfant grandi trop vite »). Sayyed l’enivre de ses mots, la précipite dans un étourdissant zikr.
Elle n’imagine plus la vie autrement qu’en son radieux soleil, esclave émerveillée et consentante de son désir. Pourtant les ombres s’agrandissent autour de ce bonheur apparent. Il y a cette autre femme, Hamsa, qu’il a épousée et dont il partage aussi la couche. Il y a les ricanements des autochtones à son passage, ces histoires d’occidentales abusées par leurs amants égyptiens. Et pourquoi Sayyed dénigre-t-il autant Hamsa, son épouse légitime ? Quel secret cache son mépris ?
Un texte bref et bien écrit qui met en lumière un phénomène méconnu : l’arnaque des « castors » - qualificatif animalier dont je vous laisse découvrir la cocasse origine.
Avec pudeur et lucidité, Claire Huynen prend la défense des femmes fragiles, parfois naïves, que l’envie d’aimer mène au malheur, dans une société régie par l’impérieux besoin des hommes. L’espoir demeure cependant. L’auteure nous propose, en guise de conclusion, un exemple salvateur de sororité.
Appréciation : 🌹🌹