L'affaire Alfred Langevin
Si vous faites l’acquisition de cet ouvrage, vous aurez entre les mains un spécimen rare, un croisement entre Scoubidou, l’Inspecteur Derrick, le Chasseur Français et un dépliant touristique de l’Eure-et-Loir ou du moins, d’un coin de de France qui lui ressemble.
De quoi « L’affaire Alfred Langevin » est-il le nom ? D’un bric-à-brac un peu foutraque, d’un polar bucolique et mollasson, d’une excentricité qui oscille entre le n’importe quoi et le cabinet de curiosités.
Je salue malgré tout l’imagination réjouissante de l’auteur qui fait de son village de Belprat le théâtre de phénomènes déroutants, parmi lesquels un mystérieux squelette dans un placard, un envol de poissons-ballons, une cohorte de chiens suicidaires, l’explosion d’un magasin de chocolat ou la découverte d’un escargot sénestre.
Taper dans l’étrange et le loufoque ne suffit pas à rendre ce texte mémorable. Il lui manque : 1. La cohérence : il mélange les genres, hésite entre réalisme ou fantastique, noms réels ou noms inventés, enquête policière ou conte rural. 2. L’absence de surprise : mobile, victime, coupable… l’imposture est téléphonée. 3. L’abus de l’effet gigogne ou de la mise en abyme, qui finit par lasser. 4. Une morale de l’histoire qui vire à l’autocélébration de la profession journalistique (pratique pour la promo).
Le genre de roman qui va exaspérer les auteurs dont les manuscrits ont été recalés pour d’obscures raisons. Chez les éditeurs, hélas, c’est souvent deux poids, deux mesures, surtout si l’auteur peut leur donner facilement accès à la sphère médiatique.
Vite lu, vite oublié : direction Momox.
Appréciation :🔪