Les enfants du large

Les enfants du large

Même si je préfère la fiction, je dois avouer que le besoin ou l’ambition de raconter sa vie, ou celle de sa famille, peut faire naître des très beaux textes (exemple d’ailleurs cité par l’auteure : « Rien ne s’oppose à la nuit »). C’est le cas du livre de Virginia Tangvald, porté par un souffle puissant et grisant.

Qui est son père, Peter Tangvald, un homme épris d’horizons qui préfère les embruns aux vents des rivages habités ? Que cherche-t-il ? Ou plutôt, que fuit-il ? Irrésistible, fascinant, avec des yeux bleus irréels et cet air de se foutre du monde, il imprègne la mémoire de ceux qu’il croise sur sa route. Un ogre, une force de la nature qui n’a pour maîtresse que sa liberté.

Dans son sillage, gisent les cadavres de ses femmes et c’est en les exhumant que Virginia Tangvald tente de renouer les fils de son passé. Une quête éperdue, une enquête impossible. Une odyssée vaine, morbide et magnifique. Elle est cet Ulysse que personne n’attend, cette victime collatérale d’un père égoïste qui n’écoutait que ses rêves.

Foutue liberté, cet idéal devenu malédiction familiale, au nom duquel les enfants souffrent en cale et les épouses périssent en mer (p205). Une lignée d’aventuriers, d’apatrides et d’inconscients (« On ne pouvait rien pour des gens qui s’obstinaient à défier la mort en permanence »).

Virginie Tangvald s’obstine, à se noyer dans ses pensées (« Je sentais un tabou autour du brouillard qui entourait ma famille, et j’avais honte de vouloir transgresser cet interdit, comme s’il s’était agi d’une perversion que je devais garder secrète »), à ployer sous le poids d’une famille marquée par le malheur (« Parfois, on est amené à payer les dettes du passé sans le savoir »).

« Les enfants du large » (encore un très beau titre) est assurément un des livres qui marquera cette rentrée littéraire.

Bilan : 🌹🌹

Kiffe kiffe hier ?

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Une trajectoire exemplaire

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