Une trajectoire exemplaire

Une trajectoire exemplaire

N. est ce looser magnifique, ce nonchalant désabusé que les gens exaspèrent au point de vouloir les trucider, à moins qu’une rare émotion ne freine ses envies de meurtre : « Sur un banc, une fille à l’accent belge chante une chanson espagnole. C’est l’équivalent d’un couscous à la truffe mais elle joue bien. In extremis, tu ne lui souhaites pas la mort ». Le ton est donné.

Le propos est cynique, corrosif, critique et jouissif. Personne n’échappe au mépris de N., ni ces gamines « qui s’habillent toutes comme Diane Keaton mais pensent comme des garagistes », ni ces « vieilles à caniches qui vous regardent comme si elles venaient de croquer dans une pêche pleine de merde. Qu’elles crèvent devant un docu arte sur l’excision ! »

N. a peu d’amis, sans doute parce qu’il est « une forme humaine qui recense leurs peurs les plus vives : la solitude, la marginalisation, l’isolement, l’alcoolisme, la mort prématurée ».

N. vit au crochet d’Irène, une quadra friquée que sa compagnie de pseudo écrivain, fan de Larry Brown et de Jim Thompson, éloigne d’un chat et du Chablis.

On pense aux personnages incarnés à l’écran par Patrick Dewaere (François Perrin dans « Coup de tête ») ou Hippolyte Girardot (Hippo dans « Un monde sans pitié »), héros d’une génération qui aujourd’hui n’a plus vingt ans mais qui se retrouvera avec plaisir dans les réflexions et les sarcasmes de Nagui Zinet.

Cette « trajectoire exemplaire » (excellent titre), cette fuite en avant, pouvait finir sur une note dramatique ou tragi-comique. C’est mon seul bémol, je ne valide pas le choix de l’auteur.

Bilan : 🌹🌹

PS : ce n’est pas un SP mais un prêt de ma libraire. Fidèle à mes principes, je rachèterai le roman à sa sortie officielle.

Les enfants du large

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Necropolis

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