Ours

Vendre la peau d’un autre. À propos de »Ours ». Un roman d’aventures porté par son héros, Gabriel Morange, auquel on s’attache très vite. La relation entre Gabriel et son fils adoptif est formidablement décrite. Les scènes de guerre sont poignantes et réalistes. Philippe Morvan semble très influencé par la littérature américaine. Il ne se perd pas dans des analyses psychologiques trop approfondies. Les sentiments et les réflexions des protagonistes se déduisent de leurs actions, ils ne sont pas surdéveloppés dans de longs passages omniscients. Il en résulte une écriture fluide, juste, ciselée pour servir la narration. J’ai cependant quelques réserves. D’abord j’ai eu l’impression d’avoir à faire à une synthèse de tous les films que l’auteur a peut-être vus dans sa jeunesse : « Indochine », « Apocalypse Now », « Little Big Man », « La cannonière du Yang-Tsé » et surtout « Danse avec les loups » dont tous les principaux thèmes (respect des tribus indiennes, question d’identité, amour universel...) sont rebattus dans ce roman. Ensuite, l’auteur fait tenir à ses personnages des propos qui me paraissent anachroniques. Un prêtre, aussi cultivé soit-il, peut-il dénoncer le colonialisme avec autant de discernement à la fin du dix-neuvième siècle ? Comme si l’auteur faisait rentrer au chausse-pied ses honorables convictions. Ses intentions sont trop visibles.

Dommage. Bilan : 🔪🌹