L'ampleur du saccage
Sang pour sang. À propos de « l’ampleur du saccage ». J’étais passé à côté de de roman sorti en 2011. Bien avant Kamel Daoud, @kaoutarharchi aborde la délicate question de la misère sexuelle du monde arabe à travers l’histoire tourmentée d’Arezki. Ce roman est d’abord un destin d’hommes confrontés à leur propre violence, à l’impossibilité de l’expier. Sur le fil du rasoir, l’auteur dénonce ces sociétés patriarcales et machistes pour lesquelles la femme est soit une mère soit une putain. Aucune échappatoire autorisée. L’intrigue, que je ne dévoilerai pas, en est le puissant contrepoint. Ce livre est signé du sceau du sang. Le sang du sacrifice rituel des animaux, le sang des vierges devenues femmes, le sang des jeunes circoncis devenus hommes, le sang des crimes perpétués. Les pages 84-85 en sont l’éblouissante et terrifiante illustration. L’écriture est belle, de candeur et de précision, comme un sabre effilé. Le fait que Kaoutar soit une femme rend le récit encore plus remarquable, parce qu’elle a su s’immiscer dans la conscience des hommes. Une seule réserve, les similitudes (ou du moins coïncidences) avec l’inoubliable film « incendies » de Denis Villeneuve tiré de la pièce de Wajdi Mouawad.
Bilan : 🌹🌹