Nord Sentinelle

Nord Sentinelle

Il y a un thème récurrent dans l’œuvre de Jérôme Ferrari : la désarmante facilité avec laquelle l’homme court à sa perte. Loin de croire à un quelconque déterminisme (si ce n’est le poids des gènes), l’auteur fait du malheureux le seul responsable de sa chute - qu’il doit exclusivement à son manque de jugement.

Jérôme Ferrari fustige la bêtise humaine avec jubilation : « Dès l’école primaire, Alexandre rencontra des difficultés inquiétantes que Catalina, dans l’aveuglement de son amour de mère, attribuait à un excès de sensibilité, un caractère rêveur, voire à une forme peu orthodoxe de génie alors que leur cause réelle n’était que trop claire pour peu qu’on examinât objectivement la situation : le gosse était complètement con ».

Si con qu’il poignarde un vacancier dont il n’a pas apprécié les provocations. Une agression qui permet à l’auteur de fouiller des atavismes peu reluisants et d’en conclure que l’absurdité peut imprégner toute une lignée. J’y vois aussi l’opportunité d’examiner la question de l’envahisseur (autre thème de prédilection de l’auteur) qui, sous les traits d’un affreux touriste, devient l’ambassadeur d’un monde en perdition.

Que ce soient le capitaine Richard Francis Burton franchissant les portes de Harar ou le touriste dont la vulgarité dénature à jamais l’intégrité de l’île de beauté, l’homme qui débarque est porteur de malheurs (pages 14, 24, 79, 131).

J’aime toujours autant la prose de Jérôme Ferrari avec ses phrases longues et travaillées, propices à la description de scènes rocambolesques (p28) ou carrément insoutenables (p51) mais pour la première fois, j’ai ressenti une lourdeur en le lisant. Je me lasse aussi de sa Corse natale, qu’il avoue ne plus vouloir quitter. Je le préférais inspiré par des terres étrangères (Ex-Yougoslavie, Algérie, E.A.U.) à moins qu’il ne s’y vît, lui aussi, comme un envahisseur.

Bilan : 🌹🌹

Jour de ressac

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Long Island

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