La vie meilleure
Qui est donc Émile Coué ? Le plus naïf des charlatans ? Un optimiste invétéré, un colporteur de faux espoirs ? Un homme doué d’empathie, chantre de l’écoute active ? Ou plus simplement, un bricoleur de la première heure guidé par les balbutiements de la psychologie et de l’hypnose ?
Peut-être tout cela à la fois. Une chose est certaine, ce n’est pas un escroc, parce qu’il ne faisait pas payer ses consultations et qu’il a toujours semblé dépassé par le succès relatif de ses recommandations. Il n’y a pas chez lui d’arnaque préméditée, juste une intuition qu’il s’est bien gardé d’appeler science.
Il décolle sur le tard et passe à la postérité après la publication de son manifeste « La maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente ». Il suscite la curiosité et l’engouement, devient un phénomène de foire Outre-Atlantique. Il déplace les foules, gourou d’une époque, coqueluche d’un public séduit par sa grande promesse : croyez en vous, imaginez le meilleur et il adviendra (pages 98, 102). C’est le précurseur de la « visualisation positive » que j’évoquais avec « Célèbre » de Maud Ventura.
Étienne Kern a trouvé le bon équilibre. Ni hagiographie, ni portrait à charge, son roman dépeint un homme qui a proposé une solution à tous les maux et qui fait écho aux soi-disant thérapeutes, marabouts, pseudo experts ou apprentis du développement personnel qui sévissent aujourd’hui. Avec une différence de taille : ses intentions étaient sincères, il voulait juste redonner le sourire, sans contrepartie, quitte à décevoir et passer pour un guignol. Attendrissant.
Bilan : 🌹