L'arbre d'obéissance
L’ascèse à seize ans. Notre narrateur est un moine copiste admirateur de Syméon, l’homme qui repoussa toujours plus loin les limites de sa propre souffrance afin de se rapprocher de Dieu. Ses mortifications les plus extrêmes ont bâti sa légende, le zèle avec lequel il supporta d’atroces douleurs força l’admiration des âmes faibles ou déclencha l’ire des rigoristes pour qui son masochisme confinait au péché d’orgueil. Et Joël Bacqué de s’interroger. Qu’est-ce qui distingue la sainteté de la folie ? Comment juger l’anachorète qui, par son isolement, fuit sa propre humanité ? Il y quelque chose d’oriental dans ce très beau récit, par le style parfois proche de celui d’un conte, par l’évocation de la figure du saint qui rappelle Siddhartha, ou par ces paysages désertiques sortis du berceau des civilisations. C’est un roman qui parle de silence, d’humilité, de pureté, d’apprentissage. Un roman qui, en creux, questionne notre société et nos modes de vie, souvent absurdes. Si l’auteur admire ces athlètes du renoncement et du dénuement, il ne tombe jamais dans l’aveuglement. Il s’interroge. Sa conclusion est apaisante. Chacun d’entre nous a sa place dans ce monde, il n’est pas donné à tous de s’imposer l’inconfort, encore moins le sacrifice. Exaltée par l’exemple de ces êtres remarquables, j’ai tenté de les imiter en lisant sur les genoux, sur un pied ou me privant de ma tasse de thé. Vaines tentatives. J’avais oublié une dimension essentielle de la lecture : le plaisir.
Bilan : 🌹🌹