La vie des spectres

La vie des spectres

Sous ses airs de pensum moralisateur, le roman de Patrice Jean est un réquisitoire jubilatoire contre les courants bien-pensants dont l’hystérie rend le débat inepte et la réflexion superfétatoire.

Du wokisme au féminisme, il y a chez ces mouvements la nauséabonde habitude de mépriser le passé et d’abhorrer la contradiction. La nuance est proscrite parce qu’elle introduit le doute. Regrettable, car le doute est l’essence de l’intelligence.

On condamne à tout-va dans l’espace public contemporain, prisonnier des réseaux sociaux, où mensonges et calomnies font loi.

L’humanité est en train de se désenchanter et de se décérébrer. Le QI des jeunes dégringole. Logique : Wikipedia les dispense de culture générale, ChatGPT les prive de leur sens critique et Tik-Tok les rend accrocs aux sucreries cognitives.  Et Patrice Jean de prophétiser : le salut viendra d’une littérature portée par des écrivains enclins à prendre de la hauteur (« La perte de la transcendance, c’est l’épiphanie de la m…e ! »). La vraie rébellion, c’est la lecture (regardez autour de vous dans le métro).

J’ai beaucoup aimé le personnage de Jean Dulac, un critique littéraire au bord du cynisme, un cinquantenaire nostalgique qui, loin de hurler « c’était mieux avant », cherche à godiller dans le marécage intellectuel de son époque.

J’ai trouvé tant de passages brillants (pages 20, 33, 99, 122, 135, 221, 277, 320, 333, 341… Et 420) et de phrases percutantes (ex. : « La cécité gouverne l’espèce humaine, tous se mesurant selon une toise trompant chacun de ses propriétaires sur le périmètre de sa vertu ») que j’ai épuisé ma réserve de post-it.

Appréciation* : 🌹🌹🌹

*Parce que « bilan », c’est trop comptable (dixit l’auteur).

Jacaranda

Jacaranda

Les mains pleines

Les mains pleines