Comment je meurs

Comment je meurs

Lucide et glorieux.

D’aucuns seraient tentés d’examiner leur vie dans le rétroviseur avec lâcheté et mauvaise foi. Peter Schjeldahl, lui, nous épargne les regrets pathétiques et les confessions sordides. Il assume et revendique tout.

Il risquait de se vautrer dans un énième « Sex, drug et rock’n roll » nostalgique, avec le woke en ligne de mire et « arrêtez de nous emm…, vous n’avez rien vu ni connu » pour slogan. Mais Peter Schjeldahl endosse le mythe sans jamais le dévoyer. Il est là, le miracle. Tout se paye, tout se crée, rien ne prend forme.

Il est rare de lire des mémoires aussi honnêtes et des propos aussi clairvoyants, que ce soit pour parler d’ambition (« Dès que tu deviens quelqu’un, tu peux dire adieu à la vérité »), de cette médiocrité de salon qu’il n’a jamais supportée, sans craindre de passer pour un arrogant ou un misanthrope (« La seule chose que je désire, dans la vie, c’est une lettre d’excuse de chaque personne que j’ai rencontrée jusqu’ici »), de sa santé déclinante, citant Susan Sontag (« Lorsque vous êtes malade, on vous identifie à votre maladie ») ou même de son refus d’être incinéré (« Mais c’est vrai que les cimetières, c’est du gaspillage, du point de vue immobilier. Moins qu’un parking de supermarché ? »)

Peter Schjeldahl, l’incorruptible et brillant critique, l’autodidacte parti du Midwest, a fait son chemin en essayant beaucoup d’itinéraires, en essuyant beaucoup d’échecs, avec humour, et une insatiable curiosité qu’illustre sa phrase fétiche : « qu’est-ce que j’aimerais dans cette œuvre si je l’aimais ? »

Je n’ai pas trop eu à me poser cette question pour « Comment je meurs ».

Appréciation : 🌹🌹

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