La nuit est mon jour préféré
Tom est psychiatre. Il a la charge d’une vingtaine de patients israéliens et palestiniens (« Des cas cliniquement passionnants mais qui m’abîment »). En exfiltrant leurs souffrances, il s’analyse : « (…) être attentif aux névrosés m’est vite apparu comme le meilleur moyen pour vaincre mes propres démons ».
Les démons prennent la forme des non-dits et des silences. Meredith, sa mère, lui a donné naissance quelques jours après avoir débranché l’appareil respiratoire qui tenait sa sœur en vie. Elle ne s’en remettra pas et se réfugiera dans le silence, synonyme d’indifférence pour le fils qui cherchait son attention.
Un roman sur le sens du silence.
Le silence de Roshan, belle et jeune palestinienne coupable d’avoir trop aimé et d’en porter le fruit, prisonnière de l’honneur familial. Le silence d’Hephraïm Steiner, vieux musicien dégoûté du monde réel (« Le fou est un mélancolique lucide ») que le souvenir de son enfance clandestine éprouve (il revoit sans cesse « le dernier métro » de Truffaut).
Le silence assourdissant qui sépare deux peuples irréconciliables alors que la moindre parole, le moindre geste suffit à redonner espoir. Comme la parole qui relie Steiner à Roshan. Comme le geste qui réunit Tom et Roshan.
Quand le silence est patience, quand il autorise l’écoute, tout devient possible.
Un roman intelligent et grave qui, tel un rayon de soleil un peu mystique, perce le ciel assombri.
Bilan : 🌹🌹🌹