Houris

Houris

Les islamistes ont voulu effacer les traces d’une décennie de terreur. Entre 1990 et 2000, ils ont commis leurs crimes sous les ordres d’un dieu décrété sanguinaire, au mépris des textes, à coups de hadiths, avec les femmes pour cibles éternelles (« Qu’avons-nous fait pour le mettre en colère depuis 3000 ans ? » cf. p82, p257).

Au nom de la réconciliation nationale, on a masqué leur culpabilité, dissimulé leurs boucheries. Il fallait tourner la page, ignorer les témoins les plus criants. On ignora les morts, puisqu’ils ne pouvaient plus parler.

Aucune trace ? Aube porte un stigmate immonde sur le cou, la preuve irréfutable de leur aveugle cruauté. Car ils ne l’ont égorgée qu’à moitié. Alors elle est née une deuxième fois, aux urgences de l’hôpital d’Oran. Sa vilaine cicatrice, son sourire abject, est un démenti, un indice, une résistance : « Quand ils croiront avoir tout nettoyé de leurs crimes, il y aura encore toi et tes yeux magnifiques ». Et son silence est une chance : « Dieu a fait de toi un murmure pour que nous nous taisions quand tu prendras la parole ».

Aube est cet agneau sacrifié depuis la nuit des temps (p33). Il y a dans les gestes des assassins le plaisir inavoué de bafouer l’innocence. Ils désirent les vierges, les houris, tout en souhaitant leur mort après les avoir souillées.

Aube peut, à son tour, être mère d’une petite fille. À quoi bon ? Pour lui infliger la souffrance, dans un pays où la femme n’existe que la nuit (p48) ?

Il y a des passages inoubliables, le récit du massacre de la famille d’Aube (p145) dans le village maudit d’Had Chekala, la litanie des chiffres macabres que le vieux Guerdi a retenus pour combattre cet oubli qu’on déclare nécessaire (mais l’oubli n’est pas le pardon), et puis Hamra, la femme aux cheveux rouges enlevée par une horde de terroristes.

Un texte d’une force incroyable qui mérite l’unanimité des jurés du Goncourt. En auront-ils le courage ?

Bilan :🌹🌹🌹

Amiante

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