La longe

La longe

Sarah Jollien-Fardel se livre à un exercice surhumain : raconter la douleur de l’enfant perdu.

Une douleur si vive qu’elle mène Rose, la mère de la petite Anna, à la folie. Passée par tous les états, par tous les établissements possibles, Rose prend l’apparence d’un zombie, amaigrie, décharnée, bientôt dangereuse pour son entourage.

Si vous avez eu un parent ou un ami schizophrène, bipolaire ou mentalement instable, vous le savez : l’hôpital psychiatrique ne guérit pas, il éteint le feu, calme la tempête, abrutit, annihile (p102).

Alors on fait quoi ? C’est là que ce petit roman devient intéressant. Le mari de Rose décide de l’enfermer et de l’attacher, avec la complicité de celles et ceux qui la supportent encore. Un asservissement moins chimique, plus pragmatique, qui donne leur chance aux deux seuls remèdes envisageables : l’amour pour ne pas se sentir abandonnée, et le temps pour faire une brèche à l’oubli.

Un livre qui m’a un peu frustrée parce que de nombreux passages auraient pu être développés. Le sujet le méritait. La saga familiale de Rose, racontée de façon rétrospective, n’apporte pas grand-chose : l’auteure s’y fait plaisir en racontant ses souvenirs d’enfance dans le Valais. Cette terrible phrase ne trouve jamais d’explication probante, par exemple : « Je dois avouer (…) que les ténèbres ont pris racine en moi avant l’accident ou le meurtre d’Anna ».

Je retiendrai cette vérité qui décrit si bien la détresse : « On bascule dans un autre monde, où il est difficile de supporter les autres, la légèreté s’en va ».

Appréciation : 🌹

Ta promesse

Ta promesse