Des hommes

Des hommes

La guerre laisse des séquelles irréversibles dans la conscience des hommes. Pire, c’est une vilaine tumeur qui métastase dans les méandres de leur mémoire. Tôt ou tard, l’horreur des souvenirs vient à bout du déni et des mécanismes de l’oubli.

Bernard, dit Feu-de-Bois, Rabut et Février en savent quelque chose, ils ont payé le prix fort. Les démons qu’ils croyaient avoir enterrés dans les sables du désert ressurgissent au pire moment, alors que la vie semblait l’emporter.

L’intensité du récit est donnée par la puissance du style de Laurent Mauvignier, telle une tempête qui balaye tout sur son passage. Comme à son habitude, l’auteur excelle dans les portraits (ex : p39), installe une tension extrême dans les scènes clé (ex : p81), ne laissant par le lecteur indemne, au bord de la suffocation.

Dans ce roman, et ce n’est pas pour me déplaire, il n’y a ni noir, ni blanc. Le gris s’impose à chacun. Bernard le rustre s’émeut de l’hospitalité de la famille d’idir, son frère d’arme harki. Le même Bernard ne peut accepter la trahison d’un autre harki, Abdelmalik, passé du côté de l’ennemi, parce qu’il faut bien nourrir sa famille et qu’un cadavre fidèle à la République Française ne pourra consoler des orphelins.

C’est une autre vicissitude de la guerre, cette propension à bousculer la morale et les certitudes. Des hommes, unis par la peur et cet espoir qui prend souvent les traits d’une femme aimée. Des hommes, tous égaux devant la mort.

Bilan : 🌹🌹

L'ancêtre

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Métrobate

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