Une vie plaine de sens
La question du libre arbitre occupe les penseurs et les philosophes depuis toujours. Sommes-nous responsables de nos actes ou les produits d’un quelconque déterminisme ? Dans le vénéré « L’homme Dé », Luke Rhinehart fait du hasard un remède à la manipulation et un vecteur d’émancipation.
Pablo Casacuberta nous invite à évaluer nos choix, et cite Spinoza : « les hommes luttent pour leur esclavage comme s’il s’agissait de leur liberté ». L’ordre du vivant a la faculté de dévier sa route et dans cet ordre, l’homme peut avoir conscience de ses mouvements (p269). Pour Casacuberta, « Notre planète est celle des choses qui se rendent compte ». Camus apprécierait.
David Badenbauer est un scientifique, fils d’une famille de juifs hassidiques. Au fond de son laboratoire, il questionne neurones et synapses. Il s’éprend de Deborah, la fille de l’austère Herzfled, un autodidacte prétentieux qui ne jure que par le Talmud et la psychanalyse.
L’auteur décrit les mécanismes par lesquels David tombe sous l’emprise d’Herzfled, au point de voir sa carrière compromise, son mariage défait et sa dignité piétinée. Son salut viendra de l’énigmatique « Une vie pleine de sens », un livre inachevé que David a la lourde tâche de terminer et dont un passage l’obsède : « la prémisse autour de laquelle se structure tout système vivant est d’éviter les surprises ».
Un livre intelligent, exigeant, parfois grandiloquent, qui mérite amplement le #penserdélivre. À noter les passages jouissifs sur la psychanalyse (p69) et la nébuleuse du développement personnel (p155, 178).
Appréciation :🌹🌹🌹