Traverser les forêts
Un roman où se télescopent les catastrophes climatique et migratoire.
Une forêt primaire, quelque part en Pologne. Des Biélorusses que le régime autoritaire a chassés ; voilà pour le contexte.
À travers le portrait de trois femmes, on prend connaissance de l’ignoble sort qu’une Europe divisée a réservé à ces migrants. Ils ne sont ni Mexicains, ni Africains, ils galèrent à quelques heures de nos frontières, boudés par une opinion que la guerre en Ukraine et les drames méditerranéens ont lassée. C’est bien connu, « on ne peut pas porter toute la misère du monde ».
Le style de Caroline Hinault est incisif, précis, nerveux, ciselé pour l’urgence décrite (exemples aux pages 26 et 68). J’ai toujours pensé que les femmes étaient plus inspirées que les hommes dans leur manière d’aborder la sexualité (voir Jane Campion). Caroline Hinault ne fait pas exception (exemples pages 41, 75), orchestrant parfaitement les sensualités organiques (p75). À noter la très belle déclaration (p139) de Véra, naufragée volontaire au milieu d’un océan de chlorophylle.
Un roman singulier, tant par le sujet que par l’écriture, qui s’étiole un peu sur la fin, comme si les voix se dispersaient.
Bilan :🌹