Si fragiles, et si forts
Elisabeth Segard sait raconter les histoires. Pour son troisième roman, elle a choisi le décor des Invalides, dôme doré, majestueux et solennel, le plus méconnu des monuments connus. Le défi était de taille. Après l’émouvant « Le lambeau » de Philippe Lançon, il fallait oser retourner dans un lieu témoin depuis trois cent cinquante ans de l’Histoire de France et de l’histoire des Français mutilés au combat.
Pari réussi. Avec humour et tendresse, l’auteure nous embarque dans une chasse au trésor menée tambour battant par le petit Gab et ses acolytes, des adultes que la vie a cabossés mais qui n’ont jamais quitté leur enfance.
Il y a quelque chose d’espiègle et de nostalgique dans l’écriture d’Elisabeth Segard. On ne peut s’empêcher de penser au Club des Cinq ou à la manière dont Jules Vernes et les écrivains de l’époque titillaient les lecteurs en titrant leurs chapitres (exemples : 13 « Où les médicaments peuvent se transformer documents » ; 16 « Où l’on apprend que le portrait de Madonna n’est pas accroché aux Invalides » ; 24 » Où l’on rencontre un artisan d’art sans manière »).
La lecture est plaisante. Les personnages sont attachants. L’auteure a déniché de belles curiosités sur les Invalides, Napoléon, Hugo et les coulisses des défilés de mode (entre autres).
Une réserve : des chutes de ton et des anachronismes qui nuisent à la tenue générale de l’ouvrage.
Bilan :🌹🌹