Par-delà nos corps
Ce livre est une ode printanière, un hymne à la vie, une déclaration d’amour au temps des déclarations de guerre. Nous avions tous vibré sur la « Route de Madison », au souvenir de cet homme perdu qui aime éperdument, de cette femme qui raconte avec pudeur le plus légitime des adultères. Légitime parce que commis au nom d’un amour absolu, fulgurant, éphémère. Le livre de Bérengère Cournut s’en approche. Le roman « Par-delà nos corps » exhale un parfum de nostalgie, d’une époque où la prose transcendait le trouble des sens, où l’écriture était la douce messagère des passions. On ressent l’urgence des mots, l’émerveillement du premier émoi, l’étonnement du sentiment partagé. Sans remord ni culpabilité, parce que la mort est imminente et que nous sommes destinés, au mépris de la morale, à désirer souvent et donc, à rester vivants. En cela, ce récit est d’une réjouissante modernité. Le récit de la « presque transgression » contraste avec le style, tout en douceur, tout en retenue. Parfois, il suffit de quelques mots, tout juste murmurés, pour parler de volupté. Installez-vous dans un jardin, sous un cerisier en fleur, écoutez la Pavane de Gabriel Fauré, sirotez un thé au jasmin et puis, lisez ! Voilà, vous accédez à la connaissance, au péché sublime que l’auteure de cette lettre, la mystérieuse Else, appellera bonheur. Je lui donne le dernier mot : « D’une certaine manière, même si cela n’est pas la plus éclatante, nous avons réussi, vous et moi, à nous rencontrer, à nous aimer par-delà nos corps, la guerre et la mort. Vous êtes une goutte d’eau dans ma vie, et c’est cette goutte-là qui, au fil du temps, a étanché ma soif, ma fièvre et mon tourment. J’ai trouvé en vous une ombre bienfaisante, où le fracas et le silence coexistent en une même région retirée ». Merci au @le.tripode pour cette découverte.
Bilan : 🌹🌹