La tendresse du crawl
La brasse roucoulée ? Assez ! La littérature française est gangrénée par deux maux : l’excès de biographie romancée et l’abus d’autofiction. Tous deux trahissent un manque d’inspiration. « 1967 » offrait la démonstration du premier. « La tendresse du crawl » est l’illustration du second. Tout comme Martine, nous suivons les aventures de @colombeschneck depuis ses débuts : Colombe et son IVG, Colombe tombe amoureuse, le père de Colombe et aujourd’hui, Colombe porte bien ses cinquante ans (confère la photo de son postérieur envoyée à @moixyann – quand le narcissisme vire à l’exhibitionnisme). J’espère que ce sera le dernier volet d’une saga qui ne décolle pas de son nombril. Pour faire de sa vie le sujet d’un livre, il faut qu’elle soit digne d’intérêt (Lançon, Makine, Ernaux) et/ou la transcender par un style d’exception (Duras, Nabe, Guibert). Ici, nous n’avons ni l’un ni l’autre. Le style ? Banal, souvent horripilant avec ses énumérations de mots (p36, p61) – n’est pas Kerangal qui veut. Beaucoup d’analyse de supermarché - ce sont les mots de l’auteure (p59). L’intrigue ? Une banale histoire d’amour et de séparation. L’auteure est prête à rater son roman pour que son amant lui revienne (p82). Qu’elle se rassure : son amant reviendra. Les seuls moments palpitants du livre ne la concernent pas (p51 et p94) - CQFD. Dommage, j’avais trouvé les premiers romans de Colombe Schneck prometteurs. « La réparation » m’avait touchée et dans « Sœurs de miséricorde », elle voyageait enfin. Les journalistes ne font pas toujours de grands écrivains. Quant à la notoriété, elle permet souvent de capter la lumière au détriment d’auteurs plus talentueux. Colombe Schneck affirme qu’elle sait désormais nager. Moi je trouve qu’avec ce livre, elle a touché le fond. Souhaitons qu’advienne rapidement « Le réveil de Colombe » (p21).
Bilan : 🔪🔪🔪