Quand je reviendrai
Il est éclairant de lire ce roman à l’heure où tant de réfugiés sont éparpillés sur les routes. Comme le rappelle l’auteur, l’écrasante majorité de ces réfugiés sont des femmes. Elles viennent de l’Est et fuient leurs patries inhospitalières pour trouver du travail. Aides à domicile des vieillards, nounous des jeunes enfants ou prostituées pour les plus malchanceuses, elles comblent les lacunes d’une société capitaliste qui rechigne à s’occuper des plus fragiles et des moins productifs.
Daniela est l’une d’entre elle. Roumaine, elle décide, sur un coup de tête, de partir à Milan. Avec dans ses bagages quelques affaires et beaucoup de culpabilité, elle promet à ses enfants de revenir.
Elle devra surmonter les préjugés, le sentiment d’ignorance (« Quand on est privé de sa langue, on raisonne comme des animaux ») et les multiples sacrifices que sa servitude consentie lui impose (« Seuls les gens qui nettoient les chiottes savent ce que c’est la vie »).
Elle a laissé dans sa ville natale une fille aînée dont elle finance les études tant bien que mal et un fils cadet qui ne supportera pas le décès de son grand-père adoré.
La cruauté et l’ironie de sa condition la percute : la voilà qui bichonne les enfants de la bourgeoisie milanaise alors que ses propres enfants la réclament.
Si l’écriture de Marco Balzano n’est pas exceptionnelle, elle suffit au récit contemporain de cette Europe à deux vitesses.
Bilan :🌹