Les âmes féroces
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman.
Alors oui, les esprits chagrins évoqueront Twin Peaks, True Detective et Jodie Foster dans la future adaptation … Pas faux. On sent que l’auteure s’est inspirée de la fiction « made in USA ». Peu importe.
La réussite des « Âmes féroces », c’est justement d’allier le rythme, la tension narrative et la vivacité d’un roman américain à ce qui fait la patine d’un bon roman français : des personnages dont la psychologie a été fouillée, une certaine finesse d’observation (ex p66). Et de fait, je n’oublierai pas de sitôt la shérif Lauren que ses orientations sexuelles obligent à redoubler de vigilance, Benjamin le professeur de littérature fascinée par les jeunes filles, Emmy qui en sait beaucoup trop pour son âge ou encore Seth, le père de la petite Léo retrouvée noyée dans la rivière.
Les portraits sont souvent féroces, donc jubilatoires (« Jamais le mot dépression n’a été prononcé. C’est pas une donnée qui figure dans le logiciel de ma mère. Sa vie se résume à un principe : quand on veut, on peut ».) Rien n’est épargné aux habitants de Mercy, archétype de la petite ville américaine étouffée par l’ennui et la promiscuité (« Vous êtes tellement les uns sur les autres que le moindre truc de travers doit être enterré bien profondément pour ne pas menacer le groupe »).
La construction en roman choral calqué sur les saisons ne manque pas non plus d’intérêt. Mais au fait, qui a tué Léo ? Le récit croisé des personnages est si captivant que le crime est presque relégué au second plan, alors qu’il cristallise les névroses, les lâchetés, les culpabilités et les espoirs déçus de chacun d’entre eux.
Avec ce deuxième roman, Marie Vingtras confirme son talent.
Bilan : 🌹🌹