Le service des manuscrits
Très mitigée ! Ce livre est une invitation à découvrir les arcanes d’une maison d’édition (exemples : p15, p21, p85, p111 et p117) et son boudoir, le service des manuscrits. Là où les pythies cherchent la pépite, « l’alchimie parfaite entre la reconnaissance littéraire et la machine commerciale ». Là où les destins des écrivains se forgent. 500 000 manuscrits sont refusés chaque année. Le chiffre est ambivalent. Déprimant parce qu’il donne la mesure des espoirs brisés. Réjouissant parce qu’on vit dans un pays où tout le monde veut être écrivain. La maison d’édition a ses codes : carré pour le refusé, lune pour le texte à corriger et soleil pour l’heureux élu. Le roman « Fleurs de sucre » reçoit un soleil mais, problème, on ne connaît pas son auteur. C’est la pierre angulaire de ce roman dont l’héroïne est une directrice éditoriale, femme fatale et cultivée, caricature d’un monstre policé et fantasmé. Pour son récit, Antoine Laurain n’y va pas de main morte : viol, grossesse non désirée, usurpation d’identité, catastrophe aérienne, crime, suicide, arrêt cardiaque, trafic de drogue, policier névrosé, mensonges et psy complice… en veux-tu, en voilà… un peu comme s’il avait compilé toutes les fausses bonnes recettes à suspense qu’il avait trouvées dans les manuscrits refusés. Ma frustration ? Antoine Laurain s’amuse à citer des passages de ce fameux « fleurs de sucre » que j’ai trouvés merveilleux ! Au point d’avoir envie de lui dire : mais laissez tomber votre « polaroïd » (définition : pseudo-polar qui cherche à impressionner la rétine) et toutes ses incohérences (elles referont progressivement surface dans votre cerveau). Écrivez-nous ce faux roman, pour de vrai. Il a l’air tellement mieux que votre « Service des manuscrits », roman miroir, image d’un monde littéraire incestueux mais surtout, reflet des hésitations de l’auteur, obnubilé par un genre (Japrisot, Eszterhas) et emmêlé dans les trop nombreux fils de son récit.
Bilan : 🔪