L'âne mort
Un triangle amoureux et un âne mort au milieu. Qui dit mieux ? Ou si vous préférez, un ménage à trois qui vire à la ménagerie. L’histoire est cocasse. Deux hommes et une femme noient par inadvertance un âne qu’un commissaire à la retraite considère comme son fils. Scandale, avis de recherche, fuite et quiproquo dans une ville d’Alger qui obéit à ses propres règles. L’évocation de la ville blanche est à mettre au crédit de l’auteur qui en parle somptueusement. Pour le reste, je n’ai pas été conquise par ce récit rocambolesque dominé par l’absurde et la répétition. L’auteur en fait des caisses avec cet animal. Il est obsédé par le poids de tout ce qui entoure ses personnages, de l’univers, de la bagnole, du cerveau... et de l’âne. Même s’il s’agit d’une métaphore (l’inertie du régime ? Le poids des ans, pardon le poids des ânes ? La gravité de nos vies ? la pesanteur du destin ?) elle n’est pas des plus fines. La référence au poids de l’équidé est permanente, frise l’obsession, rentre au chausse-pied dans chaque chapitre, comme (exemple parmi d’autres) lorsque l’héroïne visite une bibliothèque et tombe, entre mille ouvrages proposés, sur « L’insoutenable légèreté de l’être » de Milan Kundera. Un peu lourd, à la longue. Il faut lire ce livre comme on regarde un film d’Emir Kusturica, en se disant que ce sera foutraque, tordu, flamboyant, poétique, surréaliste. Je ne suis pas parvenue à cet exercice. Je me suis égarée dans les lacets qui mènent les fuyards d’Alger au sommet de la montagne. Ils ne m’ont pas embarquée dans leur quête à tombeau ouvert du sens de l’existence qui se conclut, à la dernière page du livre, sur cette phrase censée tout expliquer : « plus lourd sera le fardeau de ta vie, plus légère sera ta mort ». Mais plus pénible en fut la lecture, serais-je tentée d’ajouter.
Bilan : 🔪