Le serveur
Une histoire de gastronomie et de raffinement écrite par un scandinave ? J’ai foncé, un peu trop confiante, avec en tête le formidable festin de Babette de Karen Blixen. Bien mal m’en a pris. Peut-être qu’au pays des fjords, ce genre de littérature est original mais au pays de Proust et d’Escoffier, c’est une tarte à la crème un peu rance qu’on finit par politesse. Car j’ai bien failli ne pas aller au bout. Un huis-clos avec des personnages hauts en couleurs locales, un contraste intéressant entre un lieu suranné et l’évocation fréquente des réseaux sociaux et de leurs dérives, un dévoilement des coulisses d’un grand restaurant… oui, il y avait de quoi écrire un roman de bonne facture. Mais c’est raté. Le problème ? Aucune intrigue. On s’ennuie ferme aux basques de ce serveur, maladroit, sinon idiot, soumis aux clients du restaurant dont les soucis et les préoccupations sont futiles, d’un autre temps. L’auteur nous fait virevolter entre les tables, usant de tous les prétextes pour nous servir ses apartés Wikipédia. Si vous n’avez jamais admiré un brocoli, ou si vous vous demandez d’où vient la faïence, ça peut avoir un intérêt. Comme je n’ai pas une grande passion pour les choux et que la vaisselle, en général, je la casse, le soi-disant génie de cette comédie poussive ne m’a pas touchée. Il y a bien quelques aphorismes et descriptions pour sauver le bouquin (pages 37, 40, 45, 55, 77 ou 110) mais ça ne suffit pas à justifier la promotion dont bénéficie le livre de Matias Faldbakken.
Bilan : 🔪