Champion

Champion

Je fais une pause dans cette rentrée littéraire 2019 pour m’offrir une séance de rattrapage avec « Champion », que m’a conseillé ma librairie fétiche ICI en la personne de Nina. Dans le mille, Émilie - si tu t‘appelais Émilie. Quel pied ce roman de Maria Pourchet ! Intelligent, drôle, dérangeant : ma sainte trinité de la lectrice comblée. Un roman sur la jeunesse brisée, l’impossibilité du deuil, le désarroi des parents et la folie, comme dernier refuge possible. Fabien est le héros, il n’est pas un adolescent comme les autres : « J’ai lu dans un magazine pour dames que l’odeur de l’enfance, c’était statistiquement la lessive, la confiture et le pain. Moi l’odeur de l’enfance, c’est le fioul. Je ne suis pas un exemple ». On ne saura qu’à la fin du livre pourquoi il s’invente un double, un loup qui mord à sa place, pour supporter le quotidien du pensionnat ou pire, les week-ends en famille. J’ai adoré sa foudroyante lucidité, son regard acéré, ses raccourcis déroutants, cette façon désopilante de mettre en boîte le genre humain. Un hymne à l’enfance écolière, « Les 400 coups », « les choristes » et « Diabolo menthe » sous l’emprise de la gnôle et du K2R. Et puis la tendresse qui affleure quand il parle de sa grand-mère et de ses manières surannées : « J’ai compris que c’était bien plus grave mais Mamie a dit « invitée à danser » parce qu’elle vient d’un temps où la langue française n’était pas là pour vous agresser. Il y avait déjà la guerre pour ça ». Un roman à tiroirs, qu’on fouille avec bonheur. Dédoublement du personnage, héros qui écrit un journal destiné à la psy et l’auteur qui taquine sa propre prose : « J’ai semé des cailloux sur la route. Non, c’est faux. Mais je ne sais pas comment écrire le sentiment d’abandon ». Et vous, vous l’avez lu ce petit miracle ?

Bilan : 🌹🌹

Croire aux fauves

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Nouvel An

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