Ce qu'il nous faut c'est un mort
C’est ma complice @chezstelda qui m’a sommée de lire Hervé Commère : « il gagne à être plus connu ! ». Ça tombe bien, parce que je ne demande qu’à les porter aux nues les écrivains qui méritent plus de lumière.
Nous sommes le 12 juillet 1998, et la France vient de gagner la coupe du monde. Je faisais partie de ces filles qui suivaient le foot. Moi aussi, ce soir-là, j’ai senti que beaucoup de vies allaient basculer parce que dans l’euphorie générale, les gens se comportaient n’importe comment.
Vrainville, en Normandie, ne fait pas exception. Ce soir-là donc, une jeune fille est renversée par une Golf GTI dont les trois occupants ont choisi de ne pas s’arrêter. L’un est le fils de l’emblématique atelier de soutien-gorge qui fait vivre le village, l’autre est le fils du maire. Un homicide involontaire, ça ferait désordre. C’est le point de départ de ce bon roman policier. Bon parce que l’auteur a fait de ce village, plein d’espoirs et d’égoïsmes, le personnage central de son livre (ça rappelle le Trincamp du fabuleux « Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud). Bon parce que ce roman a les accents d’un pamphlet antimondialiste où le capitalisme, aveugle et cynique, est fustigé sans complaisance ni caricature. Bon parce qu’à travers une fresque familiale écornée, l’auteur fait le portrait réussi d’une entreprise condamnée par les changements du monde et l’érosion de la passion (une illustration criante du célèbre : « le grand -père a fondé, le fils a profité, le petit-fils a vendu »). Bon, voire jouissif, parce qu’on y célèbre celles et ceux qui savent dire « non ». Je n’en dirai pas plus. À mon tour, je vous somme de lire Hervé Commère. Dans ce genre de littérature, c’est un maître.
Bilan : 🌹🌹