La main sur le coeur
Quelle est donc l’histoire du gentilhomme qui figure sur l’un de plus célèbres tableaux du Greco : « El caballero de la mano en el pecho » (1580) ? Cette question obsède Yves Harté et son ami disparu, Charles Veilletet. Raconter leur quête éperdue lui permet de raviver leurs souvenirs et leur passion commune pour le peintre espagnol.
Les plus grands spécialistes se sont écharpés au sujet de l’identité du chevalier. Est-ce un triste notable auquel le tableau donnera une gloire imméritée ? S’agit-il de Juan de Silva, le comte de Portalegre, un ambassadeur du Portugal qu’une arquebusade a rendu manchot à la bataille d’Alcazarquivir ? Faut-il plutôt voir dans cet « hidalgo désarticulé, rossé, moqué » un double de Cervantès que le peintre aurait croisé à Tolède ? Ou même un portrait détourné du Greco qui se reconnaissait dans les déconvenues et les humiliations de son modèle ? Aucune hypothèse n’est écartée.
Et cette main posée sur le cœur ? Est-ce une demande pardon, une offrande, un geste de dépit ? On se prend au jeu. On suit les traces des deux limiers dévoués à leur juste cause.
Le livre m’a fait penser aux controverses dont « le Pied-bot » de José de Ribera a fait l’objet pendant des siècles jusqu’à ce qu’un chirurgien orthopédiste de l’hôpital Robert Debré conclue que l’enfant était en fait hémiplégique.
« La main sur le cœur » est une ode à l’Espagne et à ses paysages (« La poussière qui s’élevait au moindre coup de vent rappelait le sablier du temps »), une célébration du peintre (« Le Greco oblige à changer de point de vue, donc de vision, ce qui en fait une des artistes les plus inconfortables de l’histoire ») et surtout, un hommage émouvant à cet ami avec lequel il redécouvrit le monde.
Bilan :🌹🌹