La copiste
Voilà un livre qui illustre parfaitement l’adage selon lequel, plutôt que la destination, c’est le voyage qui importe.
Imaginez ! Nous en avons tous rêvé. Dans une malle, un coffre ou une bibliothèque, vous tombez sur la copie manuscrite du texte d’un grand auteur. Elle n’est pas anonyme, elle est signée de deux initiales. Vous n’aurez plus qu’une obsession : savoir qui se cache derrière ces deux lettres. Jean-Michel Mestres a eu cette chance. Il a trouvé dans la bibliothèque de son oncle une copie du Partage de midi, une pièce de Paul Claudel. Elle est signée M. S., datée de 1942, sous l’occupation.
Pour identifier la mystérieuse inconnue (il veut croire qu’il s’agit d’une femme), il va s’intéresser à l’écrivain Paul Claudel, et à ses mauvaises fréquentations. Ses investigations le font passer en zone grise, derrière la ligne de démarcation mais aussi dans les milieux tourmentés du théâtre. Plusieurs hypothèses surgissent. M.S. est-elle une amante non répertoriée, la fille illégitime de l’écrivain ou encore une actrice qui voulait mieux s’approprier son texte ? Jean-Michel Mestres n’a pas la rigueur d’un détective. Il l’avoue lui-même : ses désirs d’écrivain ont trop souvent raison de son sens critique. Il faut reconnaître que Marie Sabouret ferait une belle copiste (« Vivre, fraîche, légère et subtile comme la bulle d’un grand champagne »). Vénus oubliée, éternel second rôle, on pardonne volontiers à l’auteur la faiblesse de l’avoir élue.
Encore une (en)quête. Pas le roman de l’année mais un grand plaisir de lecture. J’ai particulièrement apprécié l’évocation des milieux littéraires et artistiques des années 40.
Bilan :🌹