Bon genre
Un roman déroutant. À propos de « Bon genre ». La vie de Claude ? Une autoroute... plein phares et plein gaz. Femme d’affaires efficace, épouse modèle, mère de famille méritante. Un jour, elle met le clignotant au hasard, elle prend un chemin audacieux, elle envoie un signal fort et réjouissant, que d’aucuns pourraient qualifier d’écart de conduite. Mais pour Claude, c’est le début d’une renaissance. Le roman d’Inès Benaroya est l’odyssée intime d’une femme qui renoue avec sa vie et ses désirs. Elle le raconte avec retenue mais sans pudeur. Si, c’est possible ! En bousculant les codes du genre, en se mettant dans la peau d’un homme, en faisant fi des sexes pour ne retenir que l’urgence du corps. C’est le miracle de ce livre, indispensable antidote aux atermoiements misogynes de Houellebecq et à toute cette littérature dite « pour femmes » qui s’englue dans sa niaiserie. « Bon genre » est chic et choc. Un coup de griffe, ou plutôt un coup d’ongle verni. À souligner la dernière partie du livre qui flirte avec le road movie en rejouant la partition de Thelma & Louise, avec une irrésistible camionneuse. J’ai été bluffée par cet ouvrage. Pourtant le point de départ m’avait fait craindre le pire (de la banalité) : une femme dans la force de l’âge qui trompe son mari. Grâce au talent de l’auteur, on s’invite dans la psyché de Claude, naufragée volontaire de son existence parce qu’avide d’une liberté absolue qui donc, ne tolère aucun compromis. C’est quand on a tout perdu que la liberté s’impose. « Bon genre » est l’alter ego romanesque de « Éloge de la fuite » d’Henri Laborit. Un roman fort et féminin donc, une belle et grande surprise.
Bilan : 🌹🌹