Alto Braco

Mère, père... et terre! Comme le dit la grand-tante de la narratrice au début du roman : à la campagne, les psys ne sont d’aucune utilité. Brune, l’héroïne, interroge sa mémoire, celle de sa mère décédée prématurément, celle de son père qui a fui le malheur et les responsabilités. Il lui reste ses aïeules... et la terre de l’Aubrac. La terre suffit ! Elle est le commencement et la fin de tout. La terre et les sacrifices qu’elle exige de ceux qui la sollicitent, son ingratitude, sa dureté, sa bonté aussi, quand le fruit du labeur nourrit et donne un sens à la vie. Brune croyait refermer le livre de son histoire familiale en enterrant ses grands-mères mais elle en découvre de nouveaux chapitres en arpentant les terres austères de l’Aveyron. Plus elle en apprend sur cette terre, ses secrets inavouables, ses hommes, ses bêtes (“ici les vaches sont plus importantes que les gens”), plus elle prend conscience de son identité et de son lieu d’appartenance (where I belong, en anglais). Et si le fait d’appartenir à une terre et d’y grandir nous marquait à jamais ? Comme un gène supplémentaire. Dans une écriture raffinée et une tradition qu’on avait perdue depuis Genevoix et Vialatte, Vanessa Bamberger se risque à nous parler de racines et de retour aux sources. La pari était osé, il est réussi. On ne s’ennuie jamais, on s’éprend des personnages et on apprend beaucoup (l’Aubrac, les bougnats de Paris, l’élevage, le bio, la viande...) au point de reprocher à Vanessa d’avoir voulu transmettre son savoir à tout prix. C’est mon unique reproche. On lui pardonne volontiers, à une époque où les écrivains se prélassent dans une auto-fiction qui ne sort pas du périph’. Le voyage, qu’il soit aux antipodes ou dans l’Aveyron, est salvateur. Que @bambergervanessa me pardonne la robe de ma vache en fond d’image, elle n’a rien d’aveyronnais.

Bilan : 🌹🌹