Albert Black
Il y a 40 ans, la France abolissait la peine de mort. Ce qui semble aujourd’hui une évidence a fait l’objet d’un long combat. Réquisitoire contre la peine capitale, le beau roman de Fiona Kidman met en lumière les propos de Victor Hugo cités page 309 : « Que voulez-vous enseigner avec votre exemple ? Qu’il ne faut pas tuer. Et comment enseignez-vous qu’il ne faut pas tuer ? En tuant ». Et il ajoute, à propos de l’exécution : « Qu’en reste-t-il ? Rien. Rien qu’une chose horrible et inutile, rien qu’une voie de fait sanglante qui s’appelle crime quand c’est l’individu qui l’accomplit, et qui s’appelle justice (ô douleur !) quand c’est la société qui le commet ».
Le meurtre ne touche pas seulement la victime et le bourreau, il affecte une communauté toute entière. Le constat n’est pas nouveau mais il est remarquablement raconté par l’auteure. On partage ainsi les tourments de la famille, des avocats, du prêtre, des amis, du juge et bien-sûr, des jurés dont les âpres discussions rappellent le célèbre film « 12 hommes en colère » de Sidney Lumet. Il est glaçant d’entendre ces voix former un brouhaha tel que la vérité parvient à s’y cacher : « La même histoire répétée maintes et maintes fois, chacune avec ses propres broderies insérées dans le récit (…) où les allégeances glissent aisément d’un point de vue à un autre ».
C’est aussi un livre sur la xénophobie. L’accusé n’est pas noir même s’il s’appelle Black, il est un citoyen irlandais en quête d’un futur dans le pays des all blacks. Recroquevillée sur son île, la Nouvelle Zélande ne se contente pas, dans les années 50, de mener la vie dure aux maoris. Tout y est étranger, tout peut devenir sujet de préjugés et de suspicions.
En ces temps où les droits les plus fondamentaux sont remis en question (ex : avortement, opposition politique), il faut se rappeler des luttes qui ont fait avancer liberté et justice.
Bilan :🌹🌹