Canoës

Canoës

Maylis de Kerangal. Son nom sonne comme une promesse. La promesse d’une écriture épique, précise, aérienne. Livre après livre, la musique de sa prose est toujours plus virtuose. Chaque mot compte, chaque virgule importe, elle travaille son texte comme une partition, au point, parfois, de privilégier la forme au détriment du fond.

D’où ma réserve. Certains passages sont à couper le souffle parce que l’élan du verbe porte à merveille la beauté ou l’acuité du propos (exemples : p55, p78, p80). D’autres en deviennent presque ridicules tant la chose décrite est étrangère aux ors et parures dont l’auteure l’affuble (exemples : p51, p112). J’avais déjà relevé ce travers dans son précédent roman, ce goût de la peinture qui confine au maniérisme.

Contrairement à beaucoup de lecteurs, je n’ai rien contre les nouvelles. Il est d’ailleurs étonnant qu’en ces temps de zapping et d’attention limitée, ce genre littéraire n’ait pas plus de succès. Une nouvelle réussie est une nouvelle sous tension. A cet égard, j’ai adoré « Un oiseau léger » et « Nevermore ». J’ai été agacée, en revanche, par l’usage systématique du mot « canoë ». Il revient dans chaque histoire comme un prétexte au choix du titre, une contrainte oulipienne mal assimilée, une excuse à ne pas avoir écrit un roman.

Je reste sur ma faim. J’ai l’impression que Maylis de Kerangal ne met pas son talent au service d’une grande et belle histoire. Avec ses ouvrages précédents, elle nous avait bien habitués. J’ose espérer qu’elle ne nous avait pas gâtés.

Bilan : 🌹

Avant elle

Avant elle

Albert Black

Albert Black