Les chats éraflés
La précarité, c’est d’être sur le seuil de la pauvreté, du dénuement, au bord d’un précipice dans lequel on peut basculer à tous moments, sur un accident, un drame, un mauvais choix.
Soizic a décidé de quitter ses grands-parents et de monter à Paris où vit sa mère, qu’elle n’a pas vue depuis son enfance. Prise de risques maximale.
« Abandonnée au milieu de ce désert peuplé qu'on appelle Paris », dit Violetta dans la Traviata. Paris, on s’y perd facilement, à moins qu’une bonne âme vous empêche de sombrer. Dans le cas de Soizic, il s’agit du cousin, bouquiniste sur le quai Montebello, dont elle devient suppléante. Son apprentissage au grand air permet au lecteur d’en savoir davantage sur ce métier méconnu, respecté, mystérieux, souvent ingrat. Un métier pas facile, bouquiniste, « c’est se lier à la vie à la mort aux trottoirs et aux livres, jurer fidélité à la caste des marginaux, des indépendants, des individualistes, des solitaires, des ensevelis sous la foule, de ceux qui paient cher la liberté ».
La liberté, voilà le thème du premier roman de Camille Goudeau. Son héroïne, Soizic, est une jeune femme de son temps, qui ne s’embarrasse ni du sexe ni des sentiments. Elle découvre, avec stupeur, que la liberté la plus grande mène à la solitude la plus extrême. Ni Dieu, ni maître ? Fadaises. On peut s’inventer les dieux et quant aux maîtres, le secret est d’en avoir plusieurs pour ne pas finir asservie.
Ce premier roman est agréable, malgré ses faiblesses. Il m’a fait découvrir la vie des bouquinistes et m’a donné envie de retourner sur les quais de Seine, devant Notre-Dame, pour chiner un vieux classique.
À noter la page 163, très pertinente, sur ce que la littérature contemporaine est devenue.
Bilan :🌹