77
Lecture malaisée. Écriture fragmentée. Comme si on enfonçait du rap dans la gueule de la littérature. Billie Eilish en prose. Phrases courtes. Heurtées, cabossées. Parfois, ça déroute. Souvent, ça s’encroûte. Sans vers et contre toute… logique stylistique. Une prose libérée. Rarement créative. Enragée pour rien. Le flow n’est pas fluide. Ça patine. Sortie de route. Et puis, au carrefour de trois phrases emmêlées, succession de virgules, abus d’anaphores, répétitions gratuites, sans poses, par à-coups, comme une conduite de taxi chinois, la tête qui tourne, je perds le fil, envie de vomir, laissez-moi sortir de ce bouquin. Quand on abîme la forme, on touche le fond. Ce livre m’a fait penser à ce poisson qu’on m’obligeait à bouffer quand j’étais gosse. À chaque bouchée, je me dis que ça va être bon mais rien à faire, je trouve toujours des arêtes. Je n’ai pas parlé de l’intrigue. Quelle intrigue ? Des adolescents, sous un abribus près de Melun, s’emmerdent à mourir. Et le lecteur avec. Pour tuer le temps, ils parient sur la couleur des bagnoles qui passent à toute allure, sans jamais les calculer. Des jeunes désœuvrés, frappés par le père, oubliés par la mère, rejetés par le système. Une impression de déjà-vu. Marin Fouqué, tu peux te le garder ton 77. Ni curiosité, ni compassion. Moue dégoûtée. Des champs boueux avec des petits merdeux au milieu (rimes en… euh). Pas senti la révolte, ni la poésie. Juste l’ennui. Des bandes qui s’affrontent ? Ni Guerre des boutons ni West Side Story. Des branleurs qui ne voient plus l’horizon. Sans façon. Je m’en fous si je passe pour une classique, moi je te chro-nique, et je sauverai plein de gens. De la dépense et du néant.
Bilan : 🔪