À mains nues
De la découverte du plaisir à son éloignement, Amandine Dhée nous embarque dans une odyssée du désir. Elle y parle de sexe. Elle y questionne l’amour, ce mot paresseux, dénué de nuance, qui a la prétention de résumer l’attraction. Elle fustige les conventions, elle dézingue les alibis, elle enterre les idées mal reçues (« Nous sommes tous fabriqués. C’est seulement quand on l’a reconnu que l’on peut s’inventer un peu »). Ni féministe, ni machiste, elle déjoue la dictature de la caricature. Elle expose nos peurs et nos fantasmes, sans honte ni fausse pudeur. Pourquoi faudrait-il toujours s’excuser (« S’excuser, la maladie des femmes ») ? Pourquoi l’orgasme d’une femme est-il confisqué par l’urgence de l’atteindre ? Pourquoi le désir devrait-il être nécessairement corrélé à la beauté ? Pourquoi a-t-on si longtemps dissimulé les dix centimètres du clitoris ? Pourquoi la fille dont les sentiments s’éparpille est une salope (« on peut coucher cent fois avec le même garçon mais pas coucher une fois avec cent garçons ») ? Pourquoi ce malaise persistant chez les adolescents (« (…) et leur imaginaire porno. Entre le silence en famille et les fanfaronnades des copains, ils ne savent pas où poser leurs questions ») ? Pourquoi ces viols sans violence n’en méritent pas le nom ? Amandine Dhée propose, explore les hypothèses, sans jamais forcer le passage, parce qu’imposer sa vision irait à l’encontre de son projet salutaire : accepter le mystère, y trouver les raisons d’être heureuse.
C’est un livre précieux qu’il faut déposer sur la table de nuit de son enfant devenu pubère en disant, sourire complice à l’appui : lis-ça, tu verras, c’est intéressant.
Bilan : 🌹🌹