Une bête aux aguets

Une bête aux aguets

Un roman entre deux eaux troubles, au parfum d’éther. Ce n’est pas faute d’avoir laissé planer le mystère, d’accepter l’irrationnel qui, à chaque instant, peut faire basculer le récit dans le fantastique. La langue est belle, le rythme est lent et le silence, omniprésent. Cela suffit-il à sauver ce roman ? Non. Anna, l’héroïne, est à côté de ses pompes et on a l’impression qu’elle demande au lecteur de l’aider à les rechausser. Quant aux pilules bleu et blanche qu’elle avale pour rester debout, la symbolique a dû m’échapper. 
Ce livre m’a fait l’effet d’une fille, belle et taiseuse, que tout le monde admire dans une soirée sans jamais l’avoir entendue parler, alors qu’elle n’est que vide et présomption. Hermétique. « Elle est d’une autre planète » vous dit-on, ou « tu ne peux pas comprendre ». Bah non, désolée. 

Un extrait : « Tout à coup j’ai eu une conscience très aiguë de tout ce qui existait atour de moi. Comme si chaque particule d’air ou de matière dans la pièce me rendait personnellement des comptes ». À cette phrase, vous mesurez l’empathie de la dame. Florence Seyvos est dans son trip et ne vous laisse aucune chance d’y participer. Dans le genre maladie mentale rampante, énigme psychiatrique et autre phénomène inexpliqué, j’ai lu beaucoup plus convaincant. Je passe, sans dissuader personne de découvrir cette prose singulière.

Bilan : 🔪

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