La définition du bonheur
Lire Catherine Cusset, c’est comme écouter une leçon bien apprise. J’avais trouvé son roman « Indigo » indigent (…cette obsession pour les coucheries entre collègues). J’en étais à me demander si cette auteure n’était pas surévaluée, portée par le prestige de son éditeur et d’un entourage indulgent.
On ne fait pas de littérature avec de bons sentiments et inversement, comme le disait Gide, « il ne suffit pas d’avoir de mauvais sentiments pour faire de la bonne littérature ». Ça résume bien le problème du moment, l’exigence de la bienveillance aplanit les aspérités et décourage les audaces. Le roman de Catherine Cusset en est l’illustration : des situations souvent banales, tendues par des évènements qui sonnent faux (ex : l’Arabe gentil, l’accouchement rocambolesque) et des dénouements convenus, inscrits dans l’air du temps (tous les « gros sujets » du moment sont abordés).
J’ai eu la désagréable impression que l’auteure me racontait ses voyages et la vie de ses amis (évidemment peintres, écrivains, galeristes…) sans les mettre au service d’une histoire plus originale. Si vous aimez les diaporamas nostalgiques, vous serez comblés. Moi, ça m’a donné envie de relire « L’homme dé », pour me désinfecter du réel. Page 294, il y a cet aveu de l’auteure, « C’est l’écriture, pas l’histoire, qui fait la littérature, non ? » Euh, non, pas pour moi, il faut les deux !
Je pense aussi que les deux récits de femmes, menés en parallèle, nuisent à l’intensité du livre, aussi justifiée soit cette chute pleine de pathos – une belle pirouette bollywoodienne. Celui de Clarisse est plus vibrant que celui d’Ève (à la Katherine Pancol) : c’est là où j’ai trouvé les passages les plus beaux et les plus émouvants.
Le bonheur, un état fragmenté (p345) ? Mouais… « La définition du bonheur », selon Catherine Cusset, ce serait plutôt le soulagement (ça fait du bien… ce n’est pas grave…tout s’explique… je guéris…), c’est du moins la conclusion à laquelle je suis parvenue à la fin du livre. Ça manque un peu de panache.
Bilan :🔪