Taormine
Je n’ai pas honte de le dire : cet auteur m’échappe.
Lire du Ravey c’est contempler une œuvre d’art contemporain, en rester perplexe et s’entendre dire derrière son dos : « il n’est pas donné à tout le monde de l’apprécier, Madame ».
Le dernier roman d’Yves Ravey lui vaudra d’être traité de génie ou d’imposteur – c’est selon. Le Yoko Ono de la littérature en somme, un sentiment diffus de rater quelque chose de grand, la frustration de voir une bonne idée se diluer dans les prétentions de son auteur.
Je vous résume l’histoire. Melvil emmène sa femme infidèle en vacances à Taormine dans l’espoir de redonner un souffle à son couple vacillant. Dans la nuit, sa voiture de location heurte un objet non identifié. Était-ce vraiment un objet ?
Jusqu’à la page 66, c’est aussi ennuyeux qu’un épisode de l’inspecteur Derrick. Après cette page, le récit devient plus intense (j’en conviens) jusqu’à une fin en eau de boudin dont les cuistres me diront : « oui, mais tout est dans la suggestion, la fatalité, le clin d’œil du destin ».
Je devine ce qui plaît aux admirateurs d’Yves Ravey : un minimalisme un peu snob, une sagesse d’universitaire éprouvé par les années d’amphi, une jouissance de philatéliste, une connivence de contrepéteurs… Ce n’est pas ma tasse de thé, darling.
Quand je lis du Ravey, j’ai toujours l’impression qu’il me manque l’essentiel… comme des frites sans sel, un smartphone sans batterie, une piscine sans eau, @monsieur_etiennedorsay sans humour.
Je comprends qu’il soit dans la première liste du Goncourt. De là à ce qu’il le remporte, il y a une frontière qui, je l’espère, ne sera pas franchie.
Bilan : 🔪