Rêver debout

Rêver debout

Pourquoi Lydie Salvayre s’est-elle intéressée à la figure de Don Quichotte ? Probablement parce que sa mère a fui l’Espagne pour rejoindre la France et que le thème de la liberté, omniprésent dans l’œuvre de Cervantès, est cher à son cœur. Mais c’est aussi parce que Cervantès est l’auteur d’une prouesse : « vous nous faites rire et philosopher, cher Monsieur. C’est une chose peu commune ».

« Rêver debout » est une fabuleuse explication de texte, une déclaration d’amour à la littérature et un concentré de culture générale (ça fait un bien fou).

Au risque de l’anachronisme (elle ne s’en cache pas), Lydie Salvayre revisite le roman de Cervantès pour en souligner la modernité. Car il semble que tout soit contenu dans le Don Quichotte et les plus grands auteurs ne s’y sont pas trompés, faisant de ses aventures leur livre de chevet (Dostoïevski, Flaubert, Sainte-Beuve, Faulkner ou Le Clézio).

Modernité oui, quand Don Quichotte se fait marxiste (p21), anarchiste à la Bakounine (p76), détenteur de sagesse (p86), idéaliste indigné (« Quant à moi, guidé par mon étoile, je m’aventure sur l’étroit sentier de la chevalerie errante, où l’on méprise l’argent mais pas l’honneur »), pourfendeur de la bienveillance et de la résilience, ces vertus molles à la mode (p92), animaliste avant l’heure (p131), chantre de l’amour vrai (p139-144), exilé par conviction avant Rilke et Rimbaud (p154), ennemi de l’inquisition et de toutes formes d’intolérance (p194).

J’ai beaucoup aimé l’hommage à Pasolini (auteur italien qu’il est urgent de redécouvrir) et le clin d’œil à Paul Cézanne à qui les Aixois jetaient des cailloux parce qu’ils le prenaient pour un raté.

Bilan :🌹🌹

L'aiguilleur

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Zemmour amnésique

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