Permafrost

Grisée par Thésée, je m’étais précipitée sur le dernier Verdier. Perplexité.

Jusqu’à la page 65 (sur 122), j’ai craint le pire. C’est mauvais signe quand :

- Au bout de vingt pages, vous ne comprenez toujours pas de quoi il s’agit

- Vous avez l’impression de relire tout le temps le même paragraphe

- Vous sautez un chapitre, et ça n’a pas d’importance

- Vous consultez la biographie de l’auteure

Sans parler de cette prose typique d’une écrivaine qui n’a rien à dire mais abuse de formules tarabiscotées, de platitudes montées en aphorismes définitifs (« les appels en milieu d’après-midi sont les pires ») ou de métaphores douteuses voire ridicules (« le nez tendu comme un cul de gymnaste », « le futur attend et c’est un renne arrêté au milieu d’une route secondaire »). Bref, Eva Baltasar n’avait rien d’un roi mage et son roman n’était pas un cadeau. 

Son histoire de lesbienne ibérique qui s’empiffre de chocolats Godiva et s’interroge sur la propreté de sa baignoire peinait à me convaincre.

Et puis, miracle au chapitre 19, page 65. À partir du moment où le personnage principal se met à nu, physiquement et psychologiquement, le livre prend son envol, le permafrost se brise. C’est alors un flux extraordinaire, un élan vital, une déferlante d’émotions ; on est emporté jusqu’à la fin.

À bien y réfléchir, ce n’est pas étonnant. C’est dans le registre de l’intimité que la maison Verdier déniche ses plus beaux trésors.

Bilan : 🔪🌹

 

 

Betty

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Rassemblez-vous en mon nom

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