Otages
Sylvie Meyer étouffe, prisonnière de sa tristesse et du regard d’autrui.
Pour se rendre libre, pour échapper à son destin linéaire, elle fait une grosse connerie : prendre en otage son patron. Elle y gagnera la prison mais aussi, une fois de plus, la liberté. Elle se sent bien incarcérée, parce qu’elle n’a plus rien ni personne à craindre.
Otages, c’est le récit d’une femme que les violences refoulées ont fini par consumer de l’intérieur. Otages, c’est la mort lente d’un mariage que l’auteure décortique avec amertume et lucidité. Otages, c’est l’histoire du pétage de plomb d’une cadre de 50 ans qui réalise sur le tard qu’elle a gâché sa vie pour les autres. Otages, c’est la révélation, tardive dans le roman, d’un viol sur adolescente qui marque à jamais. Si vous en avez marre de mes « C’est… », ne lisez pas ce roman, il en est truffé. Le style s’en trouve très alourdi. Ce n’est pas la seule maladresse. Quand l’auteure parle des hommes ou des femmes, elle joue facile, use de poncifs et de lieux communs. Mais quand elle se centre sur Sylvie Meyer et sa relation aux hommes de sa vie (en bien ou en mal), alors sa prose décolle et nous offre de vrais moments de grâce. Il y a aussi quelque chose qui sonne faux dans ce livre, une volonté de rester neutre, dans le gris, en passant d’une posture très féministe et virulente à une posture plus indulgente pour la gente masculine… en quelques pages. Caroline de Haas le matin, Élizabeth Lévy l’après-midi… pour ainsi dire. Je suis un peu charmée, mais surtout perplexe.
Bilan : 🌹🔪