Parce que les fleurs sont blanches

Parce que les fleurs sont blanches

Ce roman néerlandais illustre à merveille le dicton « less is more ». En quelques touches noires (ex : le jeu de cache-cache, la privation de lumière) et blanches (ex : la couleur des poiriers en fleur), Gerbrand Bakker a composé une ode à l’absence. L’absence de la mère qui abandonne ses enfants pour refaire sa vie en Italie. L’absence du sens quand Gerson, le petit dernier, perd la vue (« nous vivons dans un monde fait pour être vu, et nous ne l’avons compris que quand Gerson est devenu aveugle »). Les absences du père qui jamais ne se comporte comme un homme responsable. Un père qui cède au sommeil pour mieux supporter l’éprouvante réalité. Gerson, lui, s’y réfugie pour retrouver la vue (« Quand je dors, je rêve et quand je rêve, au moins je vois encore quelque chose »). Gerson, sur qui se polarisent les malheurs et les espoirs d’une famille orpheline. Sa voix off, quand il est dans le coma, est émouvante de lucidité et de vérité. Tout comme celle de son alter-ego, le chien Daan, qui, lui aussi, perçoit le monde différemment, par les sons, les parfums et l’impression diffuse que donne le mouvement des hommes. Un roman qui fait un étrange écho aux troubles de notre époque, car si les malheurs s’enchaînent, la vie continue malgré tout : où est le terminus de l’habitude ? demande l’auteur. Un roman comme une fuite en avant, sur le temps qui, par définition, ne fait pas de prisonnier. À lire d’un trait, sans interruption, pour en apprécier la profondeur et la poésie. 

Bilan : 🌹🌹

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