Nous vivions dans un pays d'été
Un roman au départ prometteur parce qu’il rappelle les fascinants « Sa majesté des mouches » et « Deux ans de vacances ». Des adolescents livrés à eux-mêmes, obligés de faire face. Avec une originalité cependant, ils ne sont pas seuls, leurs parents les accompagnent. Des parents qu’ils renient, qu’ils considèrent comme irresponsables et immatures. Sur ce constat, ils décident de ne pas les reconnaître. Le jeu est de tout faire pour ne pas se faire identifier par sa parentèle devant les autres. Trop la honte ces parents décrits comme drogués, alcooliques et dévorés par l’oisiveté. Une version édulcorée de « Trainspotting ».
Leur parenthèse estivale se transforme en cauchemar lorsqu’une tempête balaye campement et certitudes. Les parents lâchent prise, les jeunes se débrouillent, dans une parodie de survivalisme. Tous les clichés du genre sont au rendez-vous : le miracle de l’autosuffisance (p236), le mythe de l’arche de Noé, la venue d’un enfant porteur d’espoir et de renouveau, la tentation de l’argent et de l’égoïsme (le yacht des yuppies), la menace extérieure sous la forme d’une bande de rednecks abrutis, l’idéalisme des innocents (prénommés « les anges » parce qu’ils n’ont ni enfants ni comptes en banque) qui font perdurer l’esprit hippie.
Un roman qui finit dans un grand n’importe quoi, entre « Problemos » et « Invasion Los Angeles ».
La morale de cette fable est aussi grosse que les ficelles qui la tiennent : les boomers jouisseurs sont coupables d’avoir exploité la planète et c’est aux jeunes de prendre la relève. C’est là que les auteurs américains contemporains sont les plus mauvais : quand ils cherchent à donner des leçons avec la littérature.
Bilan : 🔪