Monique s'évade
J’avais lu son premier roman publié il y a dix ans, « En finir avec Eddy Bellegueule », une autofiction qui avait le mérite de la sincérité. Un vrai coup de poing. J’ai acheté « Monique s’évade » avec les mêmes attentes : me faire bouger.
La première partie de ce roman (80% du livre) ne m’a procuré aucune émotion. Le calvaire de sa mère y est décrit de manière mécanique. On frise le documentaire, d’autant que l’auteur n’a qu’une idée en tête : montrer que dans toute société, la femme est systématiquement victime de sa précarité (« Combien de femmes changeraient de vie si elles obtenaient un chèque ? »), que seul l’argent peut la rendre libre (beau passage sur Virginia Woolf p110). Ça m’a rappelé une statistique selon laquelle le plus grand taux de divorce est en Charente-Maritime, là où les salaires des femmes sont les plus élevés (sièges des mutuelles et assurances).
Le propos est d’Édouard Louis est louable, en tous cas plus authentique (p84) que celui de Grégoire Delacourt, dont nous avions parlé. L’un est crédible, l’autre est opportuniste.
Malheureusement, cette histoire de déménagement (l’évasion) est ennuyeuse, voire horripilante, car l’auteur se met en scène, écrit avec le miroir d’une vanité d’autant plus indécente qu’elle contraste avec la désarmante simplicité de sa protagoniste.
Une étincelle apparaît dans la (courte) deuxième partie, quand Monique quitte la France pour la première fois de sa vie et assiste à la pièce de théâtre dont elle est l’inspiratrice. Victimaire, voyeuriste et répétitif, ce petit roman ne doit son salut qu’à l’émouvant récit de son voyage et de son modeste triomphe.
Bilan :🔪