À quoi sert un prix littéraire ? Chaque année, en France, 2000 prix littéraires sont décernés.  Rapporté aux quelques milliers de romans qui sortent, le chiffre laisse songeur : un roman a de grandes chances d’être primé. Un non

À quoi sert un prix littéraire ?
Chaque année, en France, 2000 prix littéraires sont décernés.
Rapporté aux quelques milliers de romans qui sortent, le chiffre laisse songeur : un roman a de grandes chances d’être primé.
Un non-sens qui illustre la maladie du moment : l’incapacité à sélectionner, la peur de sanctionner. Bienvenus dans l’École des fans : tout le monde a gagné, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Dire le contraire, ce serait râler à contre-courant, passer outre la bienveillance - cette valeur fourvoyée, alibi de toutes les médiocrités.
Il y a des prix pour tous les goûts, à toutes les sauces, jusqu’à l’indigestion. Le particularisme dévore l’universalisme. À défaut d’inspirer le plus grand nombre avec des textes exigeants, on satisfait chacun à hauteur de son égo boursouflé.
Et puis il y a l’entre-soi, la gangrène du milieu littéraire, champ de bataille où il faut occire avec le sourire. Chaque prix est une trêve, l’occasion de féliciter celui qu’on blessa la veille. Le prix littéraire n’est plus une récompense méritée mais une distribution de médailles.
Méfiez-vous des prix et surtout, de la composition du jury qui l’attribue.
L’excès de prix littéraires en tue l’essence : l’audace et la précarité du choix. Au mieux, le prix littéraire donne un coup de projecteur, au pire, il entretient le dysfonctionnement du système.
La postérité tranchera. Dans trente ans, on relira encore « Le rivage des Syrtes », « La plus secrète mémoire des hommes », « Le roi des aulnes » ou « Texaco ». On aura déjà oublié « Vivre vite », « Premier sang » ou « Le cœur synthétique ».

Strega

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Parfois le silence est une prière

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