L'usure d'un monde

L'usure d'un monde

C’était en 2014, à Ispahan. Trois jeunes filles, arborant fièrement leurs fokols, m’interpelaient : « Mademoiselle, quel bonheur de vous voir ici ! Dites à vos amis de venir en Iran. Il ne faut pas nous stigmatiser. Nous, on ne condamne pas les Français sur la base de leur président. En plus, vous avez la chance de pouvoir le choisir alors que nous… ».

Je l’avoue, j’avais un a priori favorable. Ça n’enlève rien à la qualité du récit de François-Henri Désérable qui, sur les traces de Nicolas Bouvier, part à la rencontre des Iraniens, révoltés contre un régime vicié, irréformable (p33).
Il n’est pas allé en Iran avec l’intention de confirmer des idées préconçues du fond de sa chambre d’hôtel (comme beaucoup de journalistes) mais avec la conviction que « Rien n’est jamais ni tout blanc, ni tout noir » et que « Si l’on voyage, ça n’est pas tant pour s’émerveiller d’autres lieux : c’est pour en revenir avec des yeux différents ».

En suivant les pas de l’auteur, vous comprendrez un peu mieux ce qui se joue depuis l’assassinat de Mahsa Amini. Et vous découvrirez aussi les règles de politesse non écrites du Ta’ârof (p43), l’étonnant laxisme du mariage temporaire, le sigheh (p86) ou encore, le massacre oublié de Zahedan dans le Baloutchistan sunnite (p116).

J’ai également apprécié le questionnement de Dieu résumé par le jeune Amir (p127) ainsi que la critique assénée à une certaine catégorie de touristes (p76).

Je conseille vivement ce récit à ceux qui veulent mieux connaître l’Iran contemporain au côtés (outre les excellents auteurs cités par François-Henri Désérable) de Delphine Minoui, Terence Ward et Gabriel Malika.

Bilan :🌹🌹🌹

Sarah quand même

Sarah quand même

Mollesse

Mollesse