Les presque soeurs
Journal de bord d’une quête mémorielle.
Je suis embarrassée. Je ne peux nier l’admirable travail d’investigation effectué par Cloé Korman mais je ne peux occulter mon ennui en la lisant. C’est un livre « nécessaire », mot consacré pour qualifier un livre dont le sujet est vital tout en sous-entendant qu’il lui manque beaucoup de qualités.
Il ne faut jamais déplorer l’abondance des romans qui traitent de l’esclavage, de l’oppression des peuples et surtout, de la Shoah. Chaque rappel est salvateur : il n’y a qu’à observer la résurgence des fascismes pour s’en convaincre (p52).
« Les presque sœurs » est une énième variation sur le thème de l’exode, de la séparation, de la souffrance et des familles mutilées. L’intention est louable, le résultat moins convaincant. En mélangeant les rapports officiels, les passages de fiction, les notes historiques ou personnelles, Cloé Korman crée beaucoup de confusion. D’autant que la pléthore de personnages dessert l’installation du récit. Il faut s’y accrocher.
Quand on y parvient, on comprend à quel point Vichy s’est appliqué à mettre au point la « fusée de décollage du génocide ». Il n’y a aucune circonstance atténuante (p83), n’en déplaise à certains politiciens nauséabonds. Avec horreur, on suit ces gamines ballotées entre les camps du Loiret plantés au milieu des champs de betteraves et des asiles précaires, antichambres d’une mort imminente. La traque, les refuges, les pièges, l’évasion et enfin, la survie (ce miracle) tributaire d’un oubli ou de la volonté d’un Juste.
Ce livre est un témoignage poignant, très personnel, mais il lui manque la puissance, l’universalité et la cohérence des livres écrits sur le même thème par des auteurs comme Schwartz-Bart, Spiegelman, Harris, Semprun, Levi ou Kertész (à titre d’exemple).
Bilan :🌹